Méconnus en France pendant un temps, les modes d’alimentation respectant les animaux sont aujourd’hui de plus en plus courants. Il en existe deux grandes catégories, les végétariens pour commencer et les végétaliens pour aller plus loin. Ce dernier mode d’alimentation est souvent le départ, pour bon nombre de personne, qui vont devenir véganes. Plus qu’une manière de se nourrir, le véganisme est un véritable mode de vie en faveur des animaux. Cependant, même s’il commence tout doucement à rentrer dans les mœurs, encore beaucoup de personne en ignore l’existence.
Isis est végétarienne depuis sa naissance. Elle a adoptée le mode de vie de ses parents. C’est en militant auprès d’associations, qui lui ont montré ce qui se passait réellement pour produire du lait ou des œufs, qu’elle est devenu végane. « Petit à petit je me suis rendue compte que l’exploitation animale était monstrueuse à tous les niveaux, confit-elle. Il n’y avait pas de hiérarchie à faire, la production de lait est aussi horrible que la production de viande. Il n’y a pas de raisons de s’arrêter au végétarisme. » Il en est de même pour Maxime. Cette jeune fille de 19 ans, est passée du végétarisme au véganisme depuis maintenant plus d’un an, quand elle a découvert que le fromage, un de ses aliments favoris, contenait de la présure (une partie de l’estomac de l’animal dont est tiré le lait). Elle mangeait, de ce fait, encore de la viande « parfois même au goûter ! ». Elle n’a pas hésité à se passer de son « péché mignon » pour se lancer dans une démarche totalement végane.
Vous avez dit véganisme ?
Il faut remonter au végétarisme pour comprendre d’où vient le véganisme. Le végétarisme est, en effet, la base de tous les modes d’alimentation et de vie qui existent aujourd’hui. C’est en Grèce antique qu’il voit le jour, sous le nom de « régime de Pythagore ». Le philosophe est ainsi l’initiateur de cette nutrition, qui respecte les animaux, en excluant de manger la chair animale (le poisson, la viande, les mollusques ou les crustacés). À la renaissance, alors que la viande est considérée comme un privilège pour les classes supérieures, le végétarisme réapparait avec de grands noms tels que Leonard de Vinci, Erasme ou encore Thomas More. Il prend aussi une place importante dans certaines religions, notamment en Inde où 40 % de la population est végétarienne, voire végétalienne. C’est ce dernier mode d’alimentation que respectent les véganes. Il consiste à supprimer, en plus de la chair animale, les œufs, les produits laitiers, le miel, etc. En bref, tout ce qui provient de l’exploitation des animaux. Ceci se répercute également dans leur vie de tous les jours, et c’est là ce qui les différencie des végétaliens. Les produits cosmétiques notamment, testés sur les animaux, sont proscrits de leur placard. Les vêtements en laines, en soie, en cuir et bien évidemment en fourrure ne font pas partie de leur garde robe… Ils refusent également l’exploitation des animaux dans les cirques et dans les zoos. Dans des cas beaucoup plus rares, certains vont même jusqu’à se battre contre l’équitation et le travail des animaux tels que les chevaux de traits ou les chiens guides d’aveugles. Car c’est également ce qui différencie les véganes des végétariens et même des végétaliens ; ce sont pour la plupart de fervents militants. Ils souhaitent faire évoluer les mœurs et pousser le plus grand nombre à adopter leur mode de vie. Des associations tendent à sensibiliser l’opinion publique en montrant qu’être végane est possible et accessible. « J’aimerais que tout le monde soit végane ! Confie Maxime. L’idée est d’arrêter l’exploitation et donc la souffrance animale ».
On estime aujourd’hui que plus de 525 millions personnes sur Terre ne mangent ni chair animale, ni oeuf. En France on compte 2 millions de personnes (2 à 4% de la population) ayant fait le choix de devenir végétariens, végétaliens ou véganes.

Un mode d’alimentation risqué ?
« Aujourd’hui, les véganes sont encore souvent considérés comme des illuminés, des personnes faisant partie d’une secte, déplore Ileal Andrejfi, végane depuis plus d’un an. Pourtant, je suis sûre que ce sera le mode de vie de demain. De plus en plus d’individus embrassent la cause végane. »
En France, le véganisme est encore compliqué à mettre en œuvre. Swantje, une jeune allemande, est végane depuis 2008. Elle habite à Paris depuis plus de 2 ans. Elle a pu constater qu’en Allemagne les choses étaient beaucoup plus faciles. En effet, alors qu’en France on voit depuis quelques temps une gamme végétarienne grossir dans les rayons de nos supermarchés, l’Allemagne propose déjà, des produits labélisés « vegan ».
De plus, les prix sont encore élevés en France, puisque les produits véganes se trouvent essentiellement dans les boutiques biologiques. Pour Isis, qui a beaucoup voyagé, ceci s’explique par une implantation plus ancienne du véganisme a l’étranger.
Un mode d’alimentation trop cher, trop compliqué, qui bloque certains français. Mais il faut dire, que la viande et le fromage, sont comme une sorte de tradition nationale en France. L’OMS, qui déclarait encore en 2012 que le végétarisme était une maladie psychique qu’il fallait soigner, a aujourd’hui totalement changé de version. En effet, l’organisation a reconnu qu’une trop forte consommation de viande pouvait entrainer des cancers, du diabète, de l’hypertension… Ainsi, manger trop de protéines serait mauvais pour la santé. Mais il ne faut pas totalement les supprimer de son alimentation. Pour les remplacer, les végétaliens consomment des protéines végétales qu’ils trouvent dans les céréales, les légumineuses, le soja, le tofu… Pour les produits laitiers et donc le calcium, la diversité ne manque pas avec des laits de soja, d’amande, de noisette, de coco… Il existe aussi de faux fromages, de la crème de soja, du beurre de coco… Les véganes doivent cependant se complémenter en vitamine B12, cette dernière se trouvant essentiellement dans les produits d’origines animales. Cette vitamine permet notamment de produire des cellules sanguines saines et elle aide nos nerfs à fonctionner normalement. Des carences peuvent apporter de graves complications chez les femmes enceintes. Il y a également un risque de carence en fer, facilement compensable par une consommation régulière de lentilles, de fruits secs ou de pain complet.
Selon Catherine Malpas, coach en stratégie nutritionnelle, les menus véganes sont pauvres en matières grasses saturées et mieux équilibrés en acides gras essentiels (oméga 3 et 6). « Supprimer les protéines animales nettoie l’organisme, car elles véhiculent des composés toxiques (hormones) affirme-t-elle.».
Cependant, pour devenir végane, il faut s’avoir remplacer les aliments comme la viande ou le fromage et diversifier son alimentation. Cela amène souvent à faire des découvertes culinaires intéressantes.
Vers une évolution des mœurs
L’évolution de l’opinion publique en France est plus lente que dans certains pays déjà bien évolués, mais elle se fait tout de même ressentir. Aujourd’hui les restaurants végétariens, végétaliens ou proposant une alternative végétarienne sont de plus en plus nombreux, notamment dans les grandes villes. Une « veggietown » a même vue le jour dans les 9ème et 10ème arrondissement de Paris. Autour des locaux de l’association végétarienne de France, des restaurants et magasins se sont petit à petit implantés dans les rues de Paradis et du Faubourg-Poissonnière. Partout en France, les grandes surfaces se sont mises à vendre des produits végétariens. Interrogé par l’Obs, Richard Vavasseur, le responsable de la gamme « Veggie », lancé en Octobre par Carrefour, souligne à quel point celle-ci fonctionne. Elle a débutée après la réalisation d’une étude du supermarché auprès de ses consommateurs. Pour ses 50 ans, Carrefour avait demandé aux clients, quelle évolution ils souhaitaient voir dans leur magasin. Une part assez importante pour qu’on s’y intéresse, a répondu qu’ils voulaient une gamme végétarienne. Carrefour a été plus loin puisque 11 des produits de cette gamme sont également végano-compatible et ne contiennent donc aucun produit ou sous produit d’origine animal. Et cette gamme n’intéresse pas que les végétariens ou les véganes. Les personnes qui se préoccupent de leur santé et veulent manger moins de viande sont ravies de cette progression.
Autre fait important dans l’évolution des moeurs, en février 2016, la première cantine universitaire végétalienne de France voyait le jour à Lille, permettant aux 2 000 étudiants de choisir une option de repas garantie cent pour cent végétale. Ce projet rencontre un franc succès, preuve que ce nouveau mode de vie, dans le respect le plus total des animaux, séduit de plus en plus de monde.
Texte et photographie d’Aurélia Payelle
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